• J'ai rencontré Clara Leprince le 21 janvier pour évoquer son expérience dans l'association Éclectique et sa participation au spectacle 3 papiers plus tard... qui aura lieu le 30 juin 2018 à Ingré.

    -Bonjour Clara, est-ce que tu peux te présenter rapidement ?

    Je m'appelle Clara, j'ai 20 ans. Je suis en troisième année de licence de lettres moderne à Orléans. Je fais de la musique depuis toujours et de la clarinette depuis 14 ans.

    -Comment es-tu arrivée dans l'association Éclectique ?

    Un peu par hasard. J'ai recontacté Nora [ndlr : la présidente d’Éclectique] par hasard, car on a une amie en commun qui m'avait dit que Nora était en train d'écrire un spectacle, Enfin la Liberté !. Ça m'intéressait parce que, l'été juste avant, j'avais eu une sorte de "déclic" comme quoi j'avais envie de travailler dans le spectacle, et ces métiers là. Elle m'avait aussi parlé des différentes associations autour de la culture dont Nora était bénévole. On a repris contact et parlé du spectacle. C'est là qu'elle a commencé à m'envoyer quelques textes qu'elle avait écrit, que j'ai relu et annoté, un peu modifié. Puis ça a continué et c'est comme ça que je suis rentrée dans l'asso et que je suis devenue secrétaire adjointe.

    -Quel rôle avais-tu dans Enfin, la Liberté ! [ndlr : le spectacle monté par l'association en juin 2017] ? Quel est-il maintenant avec 3 papiers plus tard... ?

    Je m'occupais de la relecture des textes que Nora était en train d'écrire, et j'ai aussi écrit la conclusion en partie. Au moment du spectacle j'aidais sur la régie, je vais l'être aussi dans 3 papiers plus tard... J'ai un rôle plus important au niveau de l'écriture; j'écris plus et je fais partie de l'équipe de création.

    -Comment se passe le processus de création pour 3 papiers plus tard... ? Où est-ce que ça en est aujourd'hui ?

    Il y a une équipe de création de huit personnes environ. Le spectacle s'est vraiment construit en coordination avec ces huit personnes. C'est différent d'Enfin la liberté ! qui était un spectacle écrit avant, pas forcément réfléchi par différentes personnes. Alors que là, chacun a essayé de donner un thème sur lequel il avait envie de travailler et on a essayé de rassembler au maximum dans un seul spectacle ce qui a été trouvé. C'est différent aussi car il y aura moins de musiciens. Comme l'année dernière, il y aura différents arts représentés : la musique, le chant, le théâtre, la danse.
    Aujourd'hui, on a réparti les différents textes. Certains textes sont déjà écrits et on répète, la première répétition aura lieu fin janvier.

    -Quels sont les thèmes de 3 papiers plus tard... ?

    La papier déjà, qui est le thème principal, le thème du voyage, de l'enfance. En thème central il y a le papier qui représente différents aspects. C'est à la fois un support, et ça peut être une métaphore de différentes facettes de la vie, c'est ce qu'on essaye de représenter. Le spectacle reprend aussi nos valeurs propres à l'association, c'est aussi donner la parole à nous, jeunes, qu'on puisse s'exprimer en faisant ce qu'on aime.

    Pourquoi le papier ?

    La papier c'est quelque chose qu'on retrouve partout, tout le temps, par exemple via le papier photo, le papier peint, le papier mâché, le sac en papier, ... En plus de ça, ça peut nous représenter nous, d'ailleurs on dit souvent qu'on colle des étiquettes aux gens. Et ça lie l'ensemble, parce que les étiquettes c'est du papier. [rires]

    -Est-ce que tu peux expliquer le titre du spectacle, 3 papiers plus tard... ?

    Le titre est une sorte de conclusion, en fait, suite aux deux précédents spectacles qui sont ensemble devenus une trilogie. C'est le troisième mouvement, au-delà du troisième spectacle c'est aussi 3 ans. Les trois spectacles sont différents, montrent une évolution. Ils n'ont rien à voie. Puis on retrouve le thème de papier du spectacle. Le papier c'est aussi le premier support quand on créer un spectacle, c'est d'abord par le papier qu'on crée. 

    -Comment ces spectacles sont-ils devenus une trilogie ? Pourquoi s'arrêter à trois ?

    On a choisi que ce serait le dernier car on a envie de faire d'autres choses. Ça s'essouffle, et les choses doivent s'arrêter un jour. Aussi c'est pas facile, si on avait continué, de faire quelque chose d'autre, de différent.

    -Qu'est-ce qui te motive à participer à ces projets ?

    L'envie de continuer à écrire et de faire plus. L'envie de travailler dans le spectacle, ça m'aide et ça me fait grandir aussi. Ça m'apporte plus de confiance, vu que je fais pas mal de trucs. Ça m'a apporté aussi beaucoup d'émotions différentes. Ce qui est motivant aussi, c'est le fait de travailler en groupe et pas tout seul, d'avoir d'autres regards, avec des personnes qu'on apprécie et qui nous apportent quelque chose.

    -Quelles sont tes inspirations personnelles pour l'écriture ?

    Elles sont forcément en lien avec mes lectures, notamment un poète que j'admire beaucoup, Apollinaire. Je lis beaucoup de ses textes. C'est surtout des textes à la fois poétiques et engagés, avec une réflexion derrière, qui invite à réfléchir sur différents sujets. Et aussi ce qui m'intéresse avec le théâtre et le spectacle en général, c'est de ressortir différent qu'en y étant rentré. Se poser des questions et réfléchir à la fois sur soi et sur les autres, je pense que c'est ça qui est le plus important. Ça nous permet de voir les choses différemment et d'évoluer. C'est aussi ça qu'on veut faire passer à travers les différents spectacles. On fait pas juste un spectacle pour le spectacle. Bien sûr on aime faire ça, mais c'est aussi pour que les gens soient différents et prennent conscience de certaines choses, de ce qui nous touche. C'est aussi de la transmission, et transmettre fait partie de nos valeurs.

    -Tu veux conclure ?

    J'espère que vous viendrez à notre spectacle, que vous serez touchés et que ça vous plaira.

     

    Le spectacle 3 papiers plus tard... aura lieu le 30 juin 2018 à l'Espace Lionel Boutrouche, à Ingré (45).
    Retrouvez la page de l'événement ici.

    Si vous êtes curieux, vous pouvez retrouver ici l'interview de Nora sur Enfin, la liberté !, le spectacle précédant 3 papiers plus tard....

     

    Vous pouvez suivre l'association Éclectique :

     


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  • affiche du spectacle Enfin, la Liberté!

    Le 22 janvier, j'ai rencontré Nora M-D pour parler de son spectacle Enfin, la Liberté ! qui aura lieu le 10 juin 2017 à la MAM (Orléans) et de son association Éclectique qui produit le-dit spectacle.

     

    - Bonjour Nora, est-ce que tu peux te présenter rapidement ?

    Je m'appelle Nora, je suis actuellement en deuxième année de BTS communication. Je vis à Orléans et j'aspire à devenir intermittente du spectacle. Je lui suis déjà bénévolement, mais j'aspire à vivre de ça un jour. Je suis musicienne et prise d'une folie créatrice.

     

    - C'est quoi ce spectacle, exactement ?

    Ce serait la deuxième édition de ce spectacle, qui est en fait quelque chose de totalement différent du premier. Le premier s'appelait Éclectique (ce qui est devenu le nom de l'association qui produit Enfin, la Liberté!). C'est un spectacle pluridisciplinaire dans lequel on mélange la musique, la danse, la musique, le théâtre, la littérature et certainement le cinéma. On essaye d'élargir au maximum pour que le maximum de choses soient représentées.

     

    - Comment sont nés ces deux spectacles ?

    Pour être honnête, à la base c'était pour une recherche de financement. On recherchait des musiciens amateurs et bénévoles pour organiser un spectacle, et avec l'argent de ce spectacle, organiser autre chose. En fait avec mon co-créateur, Teddy, on a tellement été pris dans le truc que ça a pris tout un autre sens. J'étais déjà passionnée par ça, mais on l'est devenu tous les deux et on s'est beaucoup investi. Au final ce spectacle nous a fait gagner exactement zéro euro. Et à la fin du spectacle nos musiciens sont venus, nous on dit : « bon bah à l'année prochaine », le public nous a dit : « on sera là l'année prochaine ». Du coup ça a commencé à cogiter dans nos têtes.

     

    Vous avez été obligé d'en faire un autre.

    On n'a pas été obligé ; on avait très envie parce qu'on nous l'a demandé et on était aussi très fier et très passionné par ce qu'on avait fait.

     

    - En quoi Enfin, la Liberté ! est différent de la première édition ?

    L'idée de base est plutôt différente, Enfin, la Liberté ! a un fil conducteur. La première édition c'était surtout beaucoup de musiciens (et un passage de danse). Il n'y avait pas de fil conducteur et il y avait ce côté très scolaire, très école de musique : ce sont des musiciens qui viennent, qui font leur morceau et qui repartent.

     

    Je me suis dit on est capable de beaucoup mieux, faisons quelque chose de plus construit. Du coup je tenais absolument à ce que notre spectacle ait un fil conducteur et que la musique, la danse et le cinéma accompagnent une histoire. C'est vraiment la grosse différence. Puis aussi l'apport de nouvelles activités artistiques puisque nous étions à de la musique et de la danse (même si on voulait plus, on n'a pas pu). Cette année on a du théâtre, de la littérature et du cinéma.

     

    - Dans le premier spectacle, la jeunesse avait une place importante puisque l'idée était aussi de montrer que les jeunes étaient capable de faire quelque chose. Est-ce que ça se ressent aussi dans Enfin, la Liberté ! ?

    Il faut savoir qu'au départ Éclectique, la première édition, n'avait pas cette vocation anti-discrimination juvénile, contre l’âgisme et tout ça. Ça a pris cette tournure parce que, outre le fait qu'à titre personnel je sois victime de discrimination de genre, on avait 18-19 ans quand on s'est lancé (moi je travaille dans ce domaine depuis que j'ai 15 ans, j'ai toujours été accompagné d'un « adulte ») et on en a été victime quand on s'est présenté à la mairie avec laquelle on a travaillé. On nous a pas pris au sérieux parce qu'on était trop jeune, dans leur tête on était trop jeune pour réfléchir à tout ça, pour être compétent. Et c'est pas vrai.

     

    Je fais partie d'une association où la présidente est beaucoup là-dedans, dans ce « les jeunes ont moins la parole parce qu'ils n'ont pas le savoir, l'expérience nécessaire ». Et je comprends qu'on ait moins d'expérience, c'est tout à fait valable. Sauf que cette femme ne se rend pas compte que dans le domaine dans lequel on travaille ensemble, j'ai beaucoup plus d'expérience qu'elle. Elle a beaucoup plus d'expérience dans pleins d'autres domaines, ce qui est évident, mais pas dans celui-là. Mais je suis jeune, donc j'ai pas mon droit de parole.

     

    Et la discrimination juvénile c'est un truc qui nous touche vraiment et dont on a été victime pour notre premier spectacle et c'est pour ça que ça a pris tellement d'ampleur dans celui-ci. C'est pour ça que le discours a changé totalement une semaine avant le spectacle, quand on nous a eu des problèmes à cause de ça. On a du faire appel à un adulte plus adulte que nous pour parler de nous en son nom. Ça nous a beaucoup énervé d'être remis en question pour ça. Donc c'est pas que c'est moins présent dans le deuxième spectacle, car j'ai ça encore plus dans le cœur.

     

    - Vous avez repris la même troupe ?

    On voulait avoir moins de musiciens, pour que ce soit plus simple d'organisation. Mais on avait besoin de tous ces musiciens, c'est exactement pour ça qu'on en avait autant [rires]. Du coup c'est pas exactement les mêmes car il y en a toujours qui ne reviennent pas, pas forcément car ça ne leur a pas plu, mais plus parce qu'il y a des problèmes de disponibilités. Il n'y a personne qui n'est pas revenu car il n'en avait pas envie, en fait. A l'heure actuelle je crois qu'on deux nouveaux musiciens (un flûtiste et une nouvelle violoncelliste).

     

    - Y a-t-il un « profil type » des acteurs du spectacle ?

    Il y a différents acteurs, déjà. Pour moi il y a ceux qui font partis de la création, ceux qui font parti de l'organisation, et ceux qui sont acteurs.

    Au départ on était deux, Teddy et moi. Maintenant je dirais qu'on est quatre. Moi j'écris, dans la création textuelle on est deux. Teddy s'est lancé plus sur la musique, il ne peut pas tout faire tout seul non plus donc ils sont deux. Les musiques sont que des reprises, donc c'est surtout de l'organisation (retranscrire des partitions par exemple), des choses énormes que j'aurais pas pu faire.

     

    Dans l'organisation on est un bureau d'association composé de cinq personnes, dont je suis la présidente, Rémy est le vice-président (c'est lui qui s'occupe de la musique avec Teddy), Karten est la secrétaire, Anaïs la secrétaire adjointe, et Teddy qui est le trésorier. Il y a deux choses dans l'organisation : il faut faire tourner l'association puisqu'elle vient d'être créée, et il y a l'organisation du spectacle en lui-même où avec Teddy on est beaucoup plus impliqué que les autres.

     

    Puis dans les acteurs, il y a les musiciens et les danseurs. Les musiciens sont un peu moins d'une vingtaine. Nos musiciens viennent beaucoup de l'harmonie d'Ingré puisque avec Teddy on en vient, on les connaît. Mais c'est pas une nécessité, la formation musicale n'est pas non plus une nécessité, ce qui compte c'est de savoir jouer. Tout le monde peut venir s'il veut jouer. On trouvera toujours une place pour quelqu'un qui a envie et qui est motivé.

     

    Pour les danseurs c'est un peu compliqué. On n'en connaît pas suffisamment à titre personnel pour faire quelque chose. Dans un premier temps on avait demandé à une association de nous rejoindre, mais elle ne peut finalement pas nous accompagner. Donc mardi on rencontre une autre association. [édit 26/04 : C'est une association de danse d'Ingré qui participe.]

     

    - Peux-tu nous parler des thèmes du spectacle ?

    Faut savoir que dans l'association (je vais vous parler un peu de l'association parce que c'est un peu le cœur du spectacle aussi), on est dans l'artistique, la culture. On est surtout dans la démocratisation culturelle, offrir de l'art aux gens, avec ce phénomène de cultivation*. La culture pour tous, avec les notions de partage, de respect, d'égalité font vraiment partie de nos valeurs et je pense que ça se ressent dans notre thématique.

     

    Notre thème principal est la liberté. La liberté sous toutes ses formes, de choix, de disposer de son corps, d'expression, de penser, … Pour moi la liberté regroupe tout ça ; l'égalité, le partage, le respect. Du coup c'est notre thème principal et on ne s'éloigne pas du tout de ça, car il y a énormément de choses à dire.

     

    – Quel(s) effet(s) cherches-tu à produire chez les spectateurs ?

    Je veux que quand les gens sortent, ils soient un peu différents. Je veux que les gens se disent : « Mais qu'est-ce que j'ai vu là ? » Je veux qu'ils se posent des questions. Parce que dans le spectacle c'est la liberté qui parle, pas tout le temps mais c'est une partie ; la liberté parle, s'adresse au public, et remet en question ses choix, pourquoi il est là, pourquoi on est sur terre, pourquoi il a choisi de faire ça et pas autre chose. Je veux que les gens se posent la question, qu'ils réfléchissent à leur liberté à eux, à quel degré ils sont libres, est-ce qu'ils se sentent libre. Il faut que les gens se demandent pourquoi ils sont venus à ce spectacle. Est-ce qu'ils sont venus pour venir voir leur cousin jouer de la trompette, est-ce qu'ils sont venus parce qu'ils ont vu une affiche et qu'ils savaient pas quoi faire, est-ce qu'ils sont venus parce que la liberté ça les interpelle ? Peu importe pourquoi ils sont venus, est-ce qu'ils l'ont choisi ? Est-ce que t'as choisi d'être là parce qu'au final peut-être qu'ils se sentent libre, mais ils sont enfermés entre quatre murs, et même si on va ouvrir les fenêtres pour qu'il y ait comme un peu un vent de liberté, on est tous là entre ces quatre murs.

     

    - Est-ce que tu peux expliquer le titre du spectacle, Enfin, la Liberté ! ?

    C'est ridicule comme histoire, je sais pas si je dois raconter ça. On aurait peut-être dû se mettre d'accord sur un truc avant. [rires] En fait, pour proposer notre dossier à la salle du spectacle, on avait besoin d'un nom, et on pouvait pas l'appeler « Éclectique version deux ». On cherchait, on réfléchissait, on a essayé pleins de trucs – on est passé de « libéré, délivré » à des citations hyper compliquées sur la liberté. Un jour je traînais sur Facebook entre deux occupations et une fille (je vais la citer parce que je suis pas sûre qu'elle soit au courant que le spectacle s'appelle comme ça à cause d'elle, elle s'appelle Albane) déménageait de chez ses parents et elle publiait sur Facebook « enfin la liberté ».

     

    Maintenant pour moi ça a tout un autre sens, parce que nous quand on l'écrit on ajoute de la ponctuation, et pourtant quand je l'ai vu je me suis dit « hé, c'est pas mal ». Deux jours après il nous fallait absolument un nom pour ce spectacle pour le dossier, et du coup on a pris ça comme ça, parce que c'était le mieux qu'on avait.

     

    Ce nom a du sens car, dans notre première édition on a terminé le discours en disant : « passer un bon moment en attendant l'école de musique » (il faut savoir que dans notre commune, le bâtiment de l'école de musique n'est plus très neuf, donc il y a eu beaucoup d'histoires autour de ça). Au début on voulait l'appeler En attendant l'école de musique ou Enfin, l'école de musique, quelque chose comme ça. Au final notre projet n'avait plus de lien avec l'école de musique et on voulait rester correct. Donc là, Enfin, la Liberté !, elle est là. C'est aussi notre liberté à nous, de jouer, de créer.

     

    - Peux-tu décrire Enfin, la Liberté ! en quelques mots ?

    Éclectique.

    C'est éclectique dans les artistes, mais aussi dans les différentes formes d'arts.

    Cultivation.

    On est là dans la démocratisation de la culture, et c'est ça la cultivation, c'est offrir de la culture. On va d'ailleurs mettre sur chaque siège un livre pour que tout le monde reparte avec un peu de culture chez lui.

    Jeunesse.

    Je pense que ça ressort parce qu'on est beaucoup de jeunes, parce que c'est cette folie créatrice qu'on a en nous et on a cette énergie de passer nos journées, nos nuits sur le spectacle. L'énergie de s'appeler à 3h du matin pour bosser deux heures d'un coup. On a encore cette énergie parce qu'on est la jeunesse, on est le futur.

     

    - Comment avez-vous choisi les musiques ?

    Alors il y a deux catégories de musique, les musiques « classiques » qui sont des musiques d'ensemble et les chansons.

    Comme notre thème est la liberté, on a tout de suite pensé à des chansons sur la liberté comme Libérée, délivrée et Ma liberté de penser. Puis on n'est pas resté enfermé là-dedans, on est parti sur d'autres choses, parfois plus subtil. On va parler de « marcheurs de la liberté » et comme il y a une notion de liberté dans le voyage, on a pris des chansons là-dessus.

     

    Ce sont des musiques qu'on écoute, que l'un des créateurs aime, pour les chansons au moins. Teddy est très porté sur la musique de film, donc les premières musiques qu'il est allé cherché sont des musiques de films. Les morceaux chantés c'est surtout moi qui les ait choisis, alors que les morceaux d'ensemble sont tous des compositions d'Alexander Desplat qui est le compositeur des films Harry Potter. On avait besoin de musiques d'ensemble à la fois très belles, très émouvantes et en même temps accessibles, et ce sont celles-ci qui sont venues.

     

    - Quelles sont tes inspirations pour l'écriture ?

    A titre personnel mes inspirations littéraires sont assez portées sur la période romantique, avec Victor Hugo et beaucoup de poésie. Je suis très portée sur la poésie, même pas romantique. Après je suis aussi assez portée sur la littérature jeune adulte. Je lis beaucoup de Meg Cabot par exemple. Je suis aussi accrochée à John Green, à ce qu'il écrit. J'aime la forme, il a toujours des petites phrases, des réflexions comme ça. Et je pense que quand j'écris, même si c'est inconscient, ses livres sont quand même là quelque part dans ma tête. Quand je lis un livre et qu'une phrase me tape dans l’œil, j'ai tendance à la surligner et de m'en resservir plus tard pour autre chose. Je vais vous citer une phrase que j'aime bien, que j'ai lu dans Point final de William Lafleur que je vais utiliser parce qu'elle me plaît : « Ta vie, comme la mienne, n'a aucune importance, et c'est ce poids-là, de l'anonymat, de ta vacuité, que tu dois porter quotidiennement sur les épaules. »

    Pour le spectacle, j'ai lu beaucoup de livres sur la liberté. En fait j'ai acheté un livre sur le liberté qui cite pleins d'auteurs. Lars Norén m'a aussi beaucoup inspiré.

     

    - Et pour le cinéma, comment ça se passe ?

    C'est encore très très vague. Si quelque chose doit sauter parce qu'on a pas le temps de finir, c'est ça. Ce qui me rend très triste mais je peux pas tout faire. Ce serait des extraits de films, des images qu'on a tournées nous-même, des choses de la vie, qui avancent. Je voudrais voir une danseuse qui danse, je voudrais voir quelqu'un qui marche et on voit passer dans les saisons. Je voudrais un enfant qui court, je voudrais un chat. C'est la seule contrainte en soit : que ce soit quelque chose qui avance, une continuité tout le temps.

     

    - Où en est le projet actuellement ?

    À l'heure actuelle, on a une salle, on a les autorisations nécessaires. Le corps du projet, l'organisation est faite. On a le projet, ce qui nous manque c'est le spectacle. Je veux pas dire qu'il n'existe pas, parce que la trame est écrite, tout est réfléchi, les répétitions sont posées. Mais aujourd'hui on a besoin de mettre du contenu dans des passages. On a des morceaux de textes, certains ont commencé à être réfléchis, certains ne sont même pas réfléchis. Parce qu'on y va petit à petit, parce qu'on peut pas tout faire.

     

    En règle général dans une création comme ça, on écrit la création et après on vend un spectacle. Comme nous on est autonome, qu'on se produit seul [édit 26/04 : le spectacle est maintenant soutenu par le Crédit Mutuel], on a vendu notre spectacle avant de l'avoir fait. Ce qui est très risqué parce que si on n'est pas prêt pour le mois de juin, on a rien. [rires] Cependant je pense qu'on sera prêt et qu'au pire, on trouvera une solution car on trouve toujours des solutions.

     

    Voilà à l'heure actuelle on est moins dans les démarches administratives, on est vraiment dans la création même, dans le cœur du spectacle. On recherche des musiciens, notamment un guitariste. On cherche des choses mais on est pas non plus perdus. Je sais pas si on sera vraiment prêt mais on a eu une première répétition ce week-end qui s'est très bien passée, il n'y a pas de raisons que ça aille pas, je pense.

     

    – Parle-nous un peu de ton association Éclectique.

    L'association est mon premier vrai projet où je me lance toute seule, où j'ai pas de tuteur derrière moi. C'est moi qui mène, j'adore ça. Je prends des risques, du temps, et de l'énergie. Du coup je pense qu'il y a beaucoup d'acteurs dans l'association qui sont là pour le spectacle puisqu'on demande à tous nos musiciens et créateurs du spectacle de rejoindre l'association pour des questions d'assurance. Mais l'association ce n'est pas que ça, elle a son club de lecture, les lectures d’Éclectique. Je peux pas vous dire qu'on a un projet de spectacle pour 2018. On commence à en parler entre nous mais dans la mesure où, individuellement, on sait pas où on sera à la rentrée, on peut pas savoir ce qu'on fera, ni comment ça va se passer. Après je peux pas trop en dire plus parce que c'est rien de concret, mais on a un projet d'événement pour 2018 qui serait moins artistique que le reste – c'est pas pour autant qu'on refera pas de l'art.

    J'ai pas envie que ce spectacle dorme, j'ai envie qu'il soit rejoué après, au moins les textes, au moins la trame, même si c'est pas les mêmes acteurs. J'ai pas envie que ce soit un one-shot. J'ose espérer qu'on pourra refaire ça.

    Après on joue beaucoup avec les acteurs locaux qui nous demandent. Si la mairie nous sollicite, si d'autres associations nous sollicitent, on va jouer pour eux avec beaucoup de plaisir.

    Je vous invite à nous suivre sur les réseaux sociaux, à vous abonner à nous et de faire un don de 70€ à l'association. Si vous êtes 60 à lire cet article, et vous donnez tous 1€, on pourra payer la SACEM et on vous offrira l'entrée du spectacle. [rires]

     

    – Tu veux conclure ?

    J'espère que je verrai les gens au spectacle, qu'on sera beaucoup et que j'aurais le courage de monter sur scène.

     

    *cultivation = offrir de la culture, démocratisation culturelle

     

    Le spectacle pluridisciplinaire Enfin, la Liberté ! aura lieu le 10 juin 2017 à la MAM à Orléans. L'entrée est gratuite.

    Retrouvez la page de l'événement ici

     

    Vous pouvez suivre l'association Éclectique :

     


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  • Eclectique

    Éclectique
    Spectacle pluridisciplinaire
    S'est déroulé le samedi 4 juin 2016, à côté de Boutrouche, à Ingré
    La page de l'événement / Le discours de Nora

    Je ne m'attendais pas à grand chose en arrivant dans la petite salle où le groupe d'Éclectique avait été réfugié. Je n'en savais pas grand chose, en même temps. Je savais qu'ils étaient artistes, amateurs, bénévoles, pluridisciplinaires, passionnés. Je savais que ce spectacle était important, qu'il donnait une voix à ceux qui peinaient à se faire entendre. Je savais que Nora et Teddy s'étaient battus pour ce projet, que cela faisait des mois qu'ils le préparaient. Je savais que ça avait été laborieux. Je savais que c'était enfin le Jour-J, qu'enfin, ça se concrétisait. Et je venais pour ça : pour constater ce qu'ils avaient réussi à construire tous ensemble. J'avais juste oublié un point, tout aussi important. Et c'est ça qui m'a eue, c'est ce qui m'a rendue aussi ébahie, c'est ce qui m'a touchée pile dans les sentiments. J'avais juste oublié qu'ils étaient là pour partager. 

     

    La scène était aussi grande que le public constitué de trois rangées de chaises. Ça s'est remplit doucement, jusqu'à ce qu'un amas de personnes se forme dans le fond, debout. L'ambiance est posée : c'est intime, on est vraiment proche d'eux. Et personnellement, c'est bien ce que je préfère, même si je leur souhaite une plus grande salle pour le futur, plus d'espace pour se faire entendre. Ça commence bien. Nora introduit le spectacle, dénonce la discrimination juvénile (merci aux personnes âgées derrière moi qui ont rit : vous illustrez justement le propos), le sexisme, la perte d'intérêt envers la culture, tout en défendant la jeunesse : ses compétences et son ambition. Éclectique se veut varié, chacun apportant son art et s'exprimant comme il le souhaite. En soit, Éclectique veut montrer que la jeunesse est talentueuse, intelligente, et qu'elle surmontera toutes les barrières mises sur son chemin. C'est positif, c'est varié, c'est beau. Comme ce motif qui revient : les tâches de peinture désordonnées, uniques, sur un fond blanc.

     

    L'idée me conquis, mais honnêtement, c'est pas grand chose à côté de tout ce qu'ils ont réussi à faire. Les pages du paperboard défilent, annonçant les morceaux. C'est simple et original, même si bon, une chose est sûre : la musique c'est leur truc, l'art graphique, pas vraiment. C'est tantôt des musiciens, tantôt des chanteurs (voire les deux à la fois) et même des danseuses qui s'expriment. "La musique est trop forte" entends-je. Bof. Pour une fois qu'ils peuvent chanter sur des micros qui fonctionnent, je suis bien contente d'être au premier rang pour en profiter. Parce que très vite, je laisse la musique, je laisse leurs superbes voix dominer l'espace, et j'ai envie que ça dure jusqu'à l'épuisement. J'ai envie de voir d'autres jeunes (et moins jeunes) venir sur la scène et s'exprimer de la façon dont ils le souhaitent, partager avec moi, juste pour quelques minutes. Je reste stupéfaite à chaque fois face à ces gens qui se donnent à fond, qui prennent sur leur temps par passion, par gentillesse, et qui en plus de ça, sont vraiment bons dans ce qu'ils font. Ça m'épate, ça me bouleverse. Pour les ~90 minutes que ça dure, ça me rend pleine de vie et d'envie d'accomplir. Ils n'ont pas l'air si captivé, derrière moi. Peut-être faut-il être jeune pour comprendre; j'en doute. Peut-être que certaines âmes ont finies par oublier ce qu'elles ont été et ce qu'elles sont au point de perdre la notion de respect; ça me semble tristement plus probable.

     

    Le seul aspect qui ne me plaît pas du tout, et ça me déchire le cœur d'en parler, est la chanson finale. Choisir une chanson qui date de 1984 et qui dresse un portrait peu flatteur de la femme détruit tout ce qu'ils ont cherché à accomplir : montrer que la génération d'aujourd'hui vaut quelque chose, qu'elle mérite d'être écoutée et prise au sérieux, et que les stéréotypes, envers qui que ce soit, ça craint. Et c'est dommage, j'attendais plutôt une chanson finale plus forte et engagée. Heureusement, il y a d'autres choses à relever. La mise en scène de certains morceaux était bienvenue -ça manquait un peu de mouvement après le passage des danseuses. Les trois chanteurs étaient aussi époustouflants les uns que les autres, j'en ai eu des frissons et je regrette juste l'absence d'un trio. Simple détail : ajouter l'auteur d'un morceau avec le titre, sur le panneau (pour rendre à César ce qui est à César, tout ça). On aurait pu aussi ajouter un fil rouge entre tous ces morceaux, quelque chose d'autre les liant les uns avec les autres. J'espère que ce sera pour la prochaine fois, car j'attends la prochaine fois. Non, vous n'avez pas le choix. On a tous besoin d'une (autre) dose d'Éclectique dans notre vie. 


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