• Eclectique

    Eclectique

    Éclectique
    Spectacle pluridisciplinaire
    S'est déroulé le samedi 4 juin 2016, à côté de Boutrouche, à Ingré
    La page de l'événement / Le discours de Nora

    Je ne m'attendais pas à grand chose en arrivant dans la petite salle où le groupe d'Éclectique avait été réfugié. Je n'en savais pas grand chose, en même temps. Je savais qu'ils étaient artistes, amateurs, bénévoles, pluridisciplinaires, passionnés. Je savais que ce spectacle était important, qu'il donnait une voix à ceux qui peinaient à se faire entendre. Je savais que Nora et Teddy s'étaient battus pour ce projet, que cela faisait des mois qu'ils le préparaient. Je savais que ça avait été laborieux. Je savais que c'était enfin le Jour-J, qu'enfin, ça se concrétisait. Et je venais pour ça : pour constater ce qu'ils avaient réussi à construire tous ensemble. J'avais juste oublié un point, tout aussi important. Et c'est ça qui m'a eue, c'est ce qui m'a rendue aussi ébahie, c'est ce qui m'a touchée pile dans les sentiments. J'avais juste oublié qu'ils étaient là pour partager. 

     

    La scène était aussi grande que le public constitué de trois rangées de chaises. Ça s'est remplit doucement, jusqu'à ce qu'un amas de personnes se forme dans le fond, debout. L'ambiance est posée : c'est intime, on est vraiment proche d'eux. Et personnellement, c'est bien ce que je préfère, même si je leur souhaite une plus grande salle pour le futur, plus d'espace pour se faire entendre. Ça commence bien. Nora introduit le spectacle, dénonce la discrimination juvénile (merci aux personnes âgées derrière moi qui ont rit : vous illustrez justement le propos), le sexisme, la perte d'intérêt envers la culture, tout en défendant la jeunesse : ses compétences et son ambition. Éclectique se veut varié, chacun apportant son art et s'exprimant comme il le souhaite. En soit, Éclectique veut montrer que la jeunesse est talentueuse, intelligente, et qu'elle surmontera toutes les barrières mises sur son chemin. C'est positif, c'est varié, c'est beau. Comme ce motif qui revient : les tâches de peinture désordonnées, uniques, sur un fond blanc.

     

    L'idée me conquis, mais honnêtement, c'est pas grand chose à côté de tout ce qu'ils ont réussi à faire. Les pages du paperboard défilent, annonçant les morceaux. C'est simple et original, même si bon, une chose est sûre : la musique c'est leur truc, l'art graphique, pas vraiment. C'est tantôt des musiciens, tantôt des chanteurs (voire les deux à la fois) et même des danseuses qui s'expriment. "La musique est trop forte" entends-je. Bof. Pour une fois qu'ils peuvent chanter sur des micros qui fonctionnent, je suis bien contente d'être au premier rang pour en profiter. Parce que très vite, je laisse la musique, je laisse leurs superbes voix dominer l'espace, et j'ai envie que ça dure jusqu'à l'épuisement. J'ai envie de voir d'autres jeunes (et moins jeunes) venir sur la scène et s'exprimer de la façon dont ils le souhaitent, partager avec moi, juste pour quelques minutes. Je reste stupéfaite à chaque fois face à ces gens qui se donnent à fond, qui prennent sur leur temps par passion, par gentillesse, et qui en plus de ça, sont vraiment bons dans ce qu'ils font. Ça m'épate, ça me bouleverse. Pour les ~90 minutes que ça dure, ça me rend pleine de vie et d'envie d'accomplir. Ils n'ont pas l'air si captivé, derrière moi. Peut-être faut-il être jeune pour comprendre; j'en doute. Peut-être que certaines âmes ont finies par oublier ce qu'elles ont été et ce qu'elles sont au point de perdre la notion de respect; ça me semble tristement plus probable.

     

    Le seul aspect qui ne me plaît pas du tout, et ça me déchire le cœur d'en parler, est la chanson finale. Choisir une chanson qui date de 1984 et qui dresse un portrait peu flatteur de la femme détruit tout ce qu'ils ont cherché à accomplir : montrer que la génération d'aujourd'hui vaut quelque chose, qu'elle mérite d'être écoutée et prise au sérieux, et que les stéréotypes, envers qui que ce soit, ça craint. Et c'est dommage, j'attendais plutôt une chanson finale plus forte et engagée. Heureusement, il y a d'autres choses à relever. La mise en scène de certains morceaux était bienvenue -ça manquait un peu de mouvement après le passage des danseuses. Les trois chanteurs étaient aussi époustouflants les uns que les autres, j'en ai eu des frissons et je regrette juste l'absence d'un trio. Simple détail : ajouter l'auteur d'un morceau avec le titre, sur le panneau (pour rendre à César ce qui est à César, tout ça). On aurait pu aussi ajouter un fil rouge entre tous ces morceaux, quelque chose d'autre les liant les uns avec les autres. J'espère que ce sera pour la prochaine fois, car j'attends la prochaine fois. Non, vous n'avez pas le choix. On a tous besoin d'une (autre) dose d'Éclectique dans notre vie. 

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